ET SI NOUS PRÊTIONS SERMENT SUR LA DECLARATION DES DROITS DE L’HOMME
Notre époque traverse une très grave crise de valeurs. Le krach boursier est là pour nous le rappeler de manière à la fois douloureuse et réelle, puisqu’elle frappera tout un chacun directement ou indirectement par ses conséquences économiques. Nous ne sommes pas face à une simple crise de « golden boys » mais plongés dans une profonde remise en question des valeurs sociétales. Que vaut le travail, que vaut une maison, que valent les économies accumulées, parfois avec difficultés, sur un carnet d’épargne ?
Dans ce contexte pratique et non pas théorique, il est essentiel de définir les valeurs communes de notre société.
Le 19 octobre le souverain a élu une Assemblée chargée de rédiger une nouvelle constitution, texte fondamental pour notre démocratie. Cette Constituante n’échappera pas à la question centrale qui est d’affirmer des valeurs fortes pour la République et chacun d’entre nous.
Dans ce contexte, il n’est tout simplement pas possible de penser pouvoir faire l’économie d’une prestation de serment.
Vu l’état actuel de destruction massive des valeurs, se pose donc la question de savoir sur quoi en fonder de nouvelles tout aussi indispensables, qui doivent trouver leurs racines dans notre civilisation.
On ne peut pas créer quelque chose de solide ex-nihilo, c'est-à-dire à partir de rien, sur du vent. Nous devons retrouver nos fondamentaux pour construire le bien-vivre ensemble sur des fondations solides.
Dans le passé, le choix traditionnel était la Bible, texte fondateur de notre civilisation judéo-chrétienne. Certains régimes dévoyés ont imposé le serment envers un guide fantoche. Dans notre cas, nous ne sommes pas, jusqu’à preuve du contraire, dans un régime totalitaire. Heureusement, cela écarte toute prestation de serment envers le gouvernement. Par ailleurs, la composition actuelle de l’Assemblée constituante nous rappelle que la société genevoise est composée autant de croyants que de non-croyants ce qui rend impossible la prestation de serment sur un texte qui ne serait reconnu que par une partie des élus.
Quelle alternative alors ? Le décalogue, ou Les Dix Commandements, pourrait se révéler un texte de convergence qui satisferait chacun, ne serait-ce que parce qu’il commence par la célèbre injonction « tu ne tueras point ».
Toutefois on peut estimer que l’esprit des dix commandements a été, pour l’essentiel, repris par la déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU ratifiée le 10 décembre 1948.
Il s’agit d’un texte fédérateur qui peut réunir les 80 Constituants et permettre à la fois l’affirmation de valeurs essentielles tout en rendant hommage à la Genève capitale mondiale des Droits de l’Homme ainsi qu’à Henri Dunant et Elie Ducommun, tous deux Genevois et prix Nobel de la Paix.